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Le 14 mai 1968, le directeur de Sud-Aviation (Bouguenais, Loire-Atlantique) est séquestré, et l’usine, occupée, par les travailleurs en lutte. Il le restera trois semaines au son de L’Internationale. Occuper l’usine ? L’idée était dans l’air depuis quelques semaines…
Depuis 1967, l’inquiétude est grande parmi les salariés de l’aéronautique. Le secteur est en crise, le carnet de commandes sonne creux. On évoque quinze mille suppressions d’emploi, la fermeture de l’usine de Rochefort et la limitation du temps de travail des salariés par la suppression de tout ou partie des heures supplémentaires.
Dans une usine où l’on travaille officiellement quarante-huit heures par semaine, la réduction des horaires devrait être saluée par les salariés ; sauf que cette baisse en provoque une seconde : celle des salaires. Et cette baisse n’est pas mineure : le travailleur passant de 48 h à 45 h perdrait ainsi 7,5 % de salaire. La direction a bien parlé de compenser cette perte de ressources à hauteur de… 1%, mais cela ne satisfait ni les travailleurs, ni les organisations syndicales. Les Trente glorieuses ne le sont pas pour tout le monde, et le métallo ne peut espérer vivre décemment qu’à la condition d’accumuler les heures supplémentaires. Rogner celles-ci ne peut signer que le retour des vaches maigres…
Certains mettent leurs espoirs dans la capacité des syndicats à se battre de façon unitaire à l’échelle de tout le groupe, mais les désaccords sont trop profonds pour que cela se réalise : il n’y aura pas d’action générale concertée, impulsée par les fédérations syndicales de l’Aéronautique, qu’on se le dise !
En ce mois d’avril 1968, l’usine Sud-Aviation de Bouguenais ne se singularise en rien. La CFDT ne se sent pas prête à lancer une action d’envergure : il faut informer avant d’agir. La CGT ? Elle est favorable à ce que les travailleurs des différentes usines du groupe entrent en action mais selon des modalités qu’ils se fixeraient eux-mêmes : il faut faire monter la mayonnaise. La section « horaires » (ouvriers) de la CGT-FO est plus offensive : oui à l’action, mais à une action forte qui prendrait la forme d’une grève générale. Les travailleurs discutent les différentes alternatives, les relations se tendent entre organisations ; le vote donne une nette majorité pour la grève… mais les trois quarts des salariés ont boudé les urnes. La situation est donc toujours aussi incertaine…
A la fin du mois d’avril, Yvon Rocton, leader des ouvriers FO et militant trotskyste de premier plan, lance en plein meeting une proposition forte : occuper l’usine, comme en 1936 ! Cette proposition, il n’aura de cesse de la marteler jusqu’à ce jour du 14 mai 1968 où, enfin, les travailleurs et les syndicats trouveront que les temps sont mûrs…
Pour aller plus loin : François Le Madec, L'Aubépine de mai - Chronique d'une usine ocupée, Sud-Aviation Nantes 1968, Ed. du CDMOT, 1988.
Article initialement publié sur le blog du CHT le 17 avril 2018.
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