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Nantes, 1894-1895 : Letessier, une "casserole" à la Bourse

En argot, une « casserole », c’est un mouchard, un renard, une bavette, autrement dit un indic’. Certains eurent une longue carrière, d’autres furent découverts bien vite. C’est le cas de Mathurin Letessier, prolétaire des quais de Nantes, « braillard » impénitent et distributeur d’horions à l’occasion…

 

Au tout début des années 1890, Mathurin Letessier, colosse tatoué et belliqueux, est une des figures du mouvement ouvrier nantais. Letessier crie fort, menace et fait des séjours réguliers dans les geôles de la République sans que cela ne calme ses ardeurs révolutionnaires. Pour la Police, c’est un anarchiste… même s’il est membre d’un parti qui ne souffre guère les partisans du drapeau noir : le Parti ouvrier français de Jules Guesde.

 

En août 1894, la commission exécutive de la Bourse du travail de Nantes lui demande de s’expliquer sur ses liens supposés avec la Police. Et le bougre, sans se démonter, raconte que l’agent Turpot lui a proposé de rencontrer chez lui, clandestinement, le commissaire central de Nantes. Curieux, il s’y est rendu et bien vite le commissaire lui a mis le marché en mains : prendre des notes lors des réunions et « si vous découvrez un complot – nous en avertir illico – nous voulons à tout prix savoir avant la presse ce qui se passe » ; avant d’ajouter : « Je suis fils d’ouvrier, je suis plus communiste que vous. Je vous demanderai aussi les noms des anarchistes étrangers venant à Nantes ». Puis le commissaire lui glissa deux pièces de cent sous et lui promit de le faire sortir de la misère. « J’avais envie de les lancer par-dessus le parapet, raconte alors Letessier, mais je me suis dit : mieux vaut me moquer d’eux et me servir de leur galette ». Bien vite les cent sous lui servirent à payer son loyer, une chemise et quatre litres de vin. Satisfait de ces explications, « le citoyen Guérin [demanda] à la commission de féliciter le Camarade Letessier pour sa conduite »… et elle le fit, à l’unanimité ! Fin de l’histoire ? Non pas !

 

A l’automne 1895, Letessier est dénoncé avec moults détails par un dénommé Carré qui dit tenir ses renseignements d’un parent travaillant à la Préfecture. La bourse du travail mène son enquête et découvre que Carré a dit vrai : Letessier est une casserole ! Mais, en poursuivant ses investigations, elle découvre que Carré est lui-aussi un mouchard. Pourquoi alors avoir dénoncé Letessier ? Parce que son contact à la police est en conflit avec celui de Letessier, tout simplement.  Ainsi c’est la guerre des polices qui a permis au mouvement ouvrier nantais de se débarrasser de deux indicateurs…

 

Contribution du CHT sur une idée de Bernard Duval. Bénévole du CHT, Bernard Duval retranscrit les procès-verbaux de la Bourse du travail de Nantes. C'est dans ce cadre qu'il a exhumé cette singulière histoire.

 

Sources :

 

Procès-verbaux de la Bourse du travail de Nantes (1894-1895) (Centre d'histoire du travail, fonds Union départementale CGT de Loire-Atlantique, UD CGT 5-16).

 

Maurice Dommanget, Le Chevalerie du Travail française 1893-1911, Editions Rencontre, 1967, p. 349.

 

Claude Willard, La correspondance de Charles Brunellière socialiste nantais 1880-1917, Klincksieck, 1968.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 janvier 2020.

 

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