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Dans la nuit du 23 au 24 juillet 1891, deux explosions retentissent place La Fayette, au cœur de Nantes. La première frappe le domicile du banquier Paul Couillaud, codirecteur de la banque Jules Rousselot et Cie dont le siège, qui fait face à la gendarmerie, est visé par la seconde explosion. Les dégâts sont minimes mais l’émotion est forte…
Immédiatement l’attentat est attribué aux anarchistes. Depuis plusieurs années, expropriations, cambriolages et attentats à la bombe se multiplient. Pour une fraction du mouvement anarchiste, voler un bourgeois n’a rien d’immoral surtout si les vols et escroqueries financent la Révolution ! Quant aux attentats, ils peuvent avoir une vertu : réveiller les masses et les pousser à l’action !
Selon la presse nantaise, les anarchistes auraient cherché à se venger de la récente condamnation d’un de leurs, un ancien trappiste du nom de Régis Meunier, pour excitation au meurtre et au pillage. N’a-t-il pas déclaré lors du Premier Mai, si l’on en croît un rapport du commissaire central de Nantes destiné au procureur de la République, « Alea jacta est. Le sort en est jeté, les bourgeois y passeront jusqu’au dernier ; puisque nous ne pouvons rien ouvertement, agissons à la sourdine et discrètement à cause des faux frères qui peuvent se glisser parmi nous ».
Trois hommes sont rapidement arrêtés. Ils habitaient ensemble rue Fourcroy et deux sont connus de la police. Ils se nomment René Brisset, Charles Moru et Henri Rivollet. Le premier est un jeune peintre en bâtiment de 20 ans, « anarchiste, dangereux ». Le second, 44 ans, est menuisier de profession, porte une « barbe en fer à cheval » et est « susceptible de prendre part à toutes les violences ». Quant à Henri Rivollet, nous ne connaissons ni son âge, ni son emploi. Il est d’ailleurs rapidement relâché alors que ses deux colocataires sont incarcérés. Tout d’abord parce qu’ils ont abandonné Angers pour s’installer tout récemment dans la cité des ducs ; ensuite parce qu’ils sont soupçonnés de vol de dynamite appartenant aux ardoisières de Trélazé. C’est sur Charles Moru que les soupçons pèsent le plus. N’est-il pas l’un des animateurs d’un groupe appelé les Anti-patriotes ? N’est-il pas en relation avec Emile Pouget, animateur du Père Peinard, ce journal incendiaire sans Dieu ni maître ?
Si les suspects revendiquent fièrement leur haine de la bourgeoisie, ils nient toute implication dans cette « dynamitade » ; quant aux perquisitions diligentées, elles ne donnent rien. Des tracts, on en trouve, de la dynamite, point, à Nantes comme chez leur ami angevin Henri Mercier. Moru comme Brisset bénéficient ainsi d’un non-lieu ; on apprendra plus tard, dans le rapport de police en date du 3 avril 1892, que l’attentat aurait été revendiqué par deux anarchistes parisiens : forfanterie ? Allez savoir… En tous cas, sous l’empire des « lois scélérates » (votées en 1893-1894), le sort de Moru et Brisset aurait été certainement différent…
Contribution d'Yvon Gourhand.
Sources :
Presse : Le Phare de la Loire – Le Petit Phare – Gil Blas – Le Père Peinard ;
Notices du Dictionnaire des anarchistes par Jean Maitron : Mathurin Letessier, Régis Meunier, Charles Moru.
Notices du Dictionnaire international des militants anarchistes : Mathurin Letessier, Henri Mercier, Régis Meunier, Charles Moru.
Notices du Dictionnaire biographique du Mouvement révolutionnaire angevin : Henri Mercier, Régis Meunier, Charles Moru.
FortuneHenry2 (2018, 1er novembre 2018). « Double attentat à la dynamite contre la banque Rousselot à Nantes le 23 juillet 1891 (1) ». Archives anarchistes. En ligne.
FortuneHenry2 (2018, 2 novembre 2018). « Double attentat à la dynamite contre la banque Rousselot à Nantes le 23 juillet 1891 (2) ». Archives anarchistes. En ligne.
Jean Garrigues, « Les anars contre la République », L’Histoire n°191, septembre 1995.
Article initialement publié sur le blog du CHT le 1er juillet 2021.
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