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En novembre 1928, C. Constant, secrétaire de la fédération postale CGT, enjoint les épouses à abandonner le salariat pour le doux foyer. Un an plus tard, un second article en appelle à la suppression du « salaire d’appoint » au nom de l’égalité des sexes…
Les saillies réactionnaires d’un Proudhon contre le féminisme au mitan du 19e siècle sont connues. Près d’un siècle plus tard, C. Constant défend les mêmes idées que le penseur de Besançon dans Le Réveil syndicaliste, journal de l’Union locale CGT de Nantes (n°74, novembre 1928). Puisque le marché du travail est « encombré par l’appoint des bras féminins » et que cela fait baisser les salaires, il verrait bien l’Etat verser une allocation pour la femme au foyer. N’en verse-t-il pas une pour les enfants ?
Les saillies réactionnaires d’un Proudhon contre le féminisme au mitan du 19e siècle sont connues. Près d’un siècle plus tard, C. Constant défend les mêmes idées que le penseur de Besançon dans Le Réveil syndicaliste, journal de l’Union locale CGT de Nantes (n°74, novembre 1928). Puisque le marché du travail est « encombré par l’appoint des bras féminins » et que cela fait baisser les salaires, il verrait bien l’Etat verser une allocation pour la femme au foyer. N’en verse-t-il pas une pour les enfants ?
Pour convaincre les hommes (car c’est à eux qu’ils pensent en premier), il a des arguments imparables : « La femme restant à la maison, élevant ses enfants, préparant les repas, lavant le linge, le raccommodant, s’occupant à mille choses indispensables dans chaque ménage, aura encore des journées bien remplies. (…) Laissez donc, mes chers camarades, leurs mamans à vos petits. » Le risque de l’oisiveté (mère de tous les vices) est donc écarté ! Il souligne également que chez nos voisins, « les femmes fonctionnaires ont un régime plus humain qu’en France [car] quand elles se marient, elles sont licenciées avec une petite dote ou une petite rente. »
Puis ce défenseur d’un « féminisme réalisateur et non verbal » s’adresse aux jeunes filles en les enjoignant de dire à leur fiancé : « J’accepte de grand cœur le partage de votre existence, mais aussitôt notre mariage, laissez-moi à notre nouveau foyer, vous y trouverez pour votre bien-être et le mien, toutes les qualités que vous me donnez ». Demander à cette femme, avant tout épouse et mère, de cesser de travailler à une dernière vertu : celle de préserver la paix… Oui, écrit-il, « c’est d’elles que dépend le maintien de la paix », avant d’ajouter, « comme elles auraient peut-être pu, il y a quatorze ans empêcher la plus épouvantable des tueries. »
Un an plus tard (n°83, novembre 1929), le journal publie un texte de Jeanne Chevenard, militante lyonnaise, spécialiste des « questions féminines » à la CGT, texte qui est une reprise de sa contribution au congrès confédéral CGT de septembre. Cette syndicaliste réformiste rappelle que le travail est depuis longtemps « la loi commune des deux sexes » et cible comme principale revendication la suppression du « salaire d’appoint » : « Le salaire de la femme doit, comme celui de l’ensemble des travailleurs, être un salaire vital » afin de préserver les travailleuses, sous-payées parce que femme, de perdre leur vie à la gagner.
Ces deux interventions soulignent à quel point la légitimité du travail féminin était toujours questionnée au sein du syndicalisme réformiste de la France d’alors comme elle l’était en 1894. Cette année-là, Charles Rossignol, lors du 6e congrès national des syndicats de France déclarait à Nantes : « Nous concluons en demandant que dans notre société actuelle, à travail égal, la femme touche salaire égal, en attendant que la prochaine Révolution sociale la rende au foyer domestique dont elle n’aurait jamais dû sortir. »
Article initialement publié sur le blog du CHT le 1er mars 2022.
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