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Vieil-Baugé, 1972 : pas de syndicat chez Valton !

Nous sommes en juin 1972 et Vieil-Baugé est en émoi. Cette paisible bourgade agricole du Saumurois est divisée depuis que chez Valton, entreprise de gravure sur métaux d’une trentaine de salariés, la moitié de l’effectif est entrée en conflit avec le directeur en poste depuis 1966.

Claude Valton a succédé à son père que tout le monde appelait ici le « Père » Valton. Succédé ? Disons plutôt que le fils a éjecté le père après moult procès : le père Valton menait son affaire entourée de quelques travailleurs, et la développer en modernisant l’appareil de production n’était pas dans ses préoccupations ; le fils, lui, est ambitieux, dynamique et ne supporte pas qu’on se mette en travers de son chemin. Un homme de caractère donc, qui entend mener ses troupes à la baguette sans s’encombrer du code du travail. Son père aussi avait du caractère mais avec lui, dit-on, « on pouvait discuter » ; le fils, lui, n’est pas un homme de dialogue. Les syndicats ? Il n’en veut pas, même s’il est patronal, car adhérer à un syndicat patronal le rendrait ipso facto solidaire des accords signés. Chez Valton, le temps de travail est de 54 heures et le salaire est fixé sur cette base-là : pas question de payer des heures supplémentaires ! Chez Valton, les salaires sont individualisés et les ouvriers sont priés de ne pas en dévoiler le montant à leurs collègues.

 

Quand des salariés décident de rendre publique l'existence d'une section syndicale CFDT montée clandestinement depuis deux ans, et imposent la tenue d’élections professionnelles avec le soutien de l’Inspection du travail, la riposte de Claude Valton est immédiate : comme il ne peut empêcher la tenue des dites élections, il décide de scinder l’entreprise familiale en trois entités. Deux nouvelles sociétés vont donc voir le jour avec des effectifs de moins de dix salariés, donc libérées de l’obligation d’organiser des élections professionnelles ; évidemment les contestataires sont d’office mutés dans ces deux établissements et doivent subir quelques mesures de rétorsion (pointage quatre fois par jour, non-paiement des jours fériés etc.).

 

« Malgré ces patrons qui se croient l’être de droit divin, la LUTTE continuera et par leurs actions, ces travailleurs feront échec au despotisme patronal » écrit l’union des syndicats CFDT de Vieil-Baugé qui en appelle au « développement de l’action de masse ». Méthode Coué, car l’adversaire n’est pas seulement un patron autoritaire piétinant le droit social mais aussi une population largement acquise à la paix sociale : pourquoi se syndiquer et se plaindre quand on gagne déjà de quoi vivre ? Comme le souligne le journaliste de Ouest-France, « ce syndicat-là fait un peu peur dans ces villages où les châteaux abondent, où la mentalité est restée conciliante pour ne pas dire soumise » (29/06/1972).

 

Le 13 juillet, la presse annonce que les quinze ouvriers syndiqués viennent de démissionner, de guerre lasse... Et l’article se clôt par l’annonce, par Claude Valton lui-même, de la "constitution probable d’un syndicat autonome". On n'est jamais aussi bien servi que par soi-même…

 

Sources :

 

Archives CHT, fonds de l’Union régionale interprofessionnelle CFDT, dossier de tracts et coupures de presse sur Eram et Valton, juin-juillet 1972.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 février 2018.

 

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