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François Bonnaud, un angevin dans la "Grande boucherie"

En 1912, l’adolescent Bonnaud (1896-1981) fait partie d’une société de tir et rêve comme tant d’autres de prendre sa revanche sur le Prussien : le jeune Angevin veut sortir l’Alsace et la Lorraine des griffes des brutes d’Outre-Rhin ! En août 1914, il veut s’engager mais sa mère s’y oppose avec force. Il ronge alors son frein mais pas longtemps.

 

Ecoutons-le : « Dès les premiers jours de l’occupation allemande du nord de la France, le 19e régiment de chasseurs à cheval s’installe à Saint-Sylvain (Maine-et-Loire). De chez mon oncle et des fermes voisines, je peux à mon aise assister au passage des troupes et apprécier toute la bêtise et l’ignominie du métier militaire. Il y a dans ce régiment des nobles et des bourgeois prétentieux qui entendent imposer aux civils comme à leurs hommes, l’attitude arrogante et grotesque, souvent insolente qu’ils reprochent aux officiers. En observant tant d’injustices, je sens gronder en moi un sentiment de révolte. Cela me fait devenir moins patriote, moins militariste et m’incite à réfléchir. D’autant plus que dès 1914, à l’arrière, tous ces officiers font bombance alors qu’on exige des civils qu’ils travaillent et se serrent la ceinture. »

 

Lorsqu’il est appelé sous les drapeaux en septembre 1916, Bonnaud n’est plus chauvin, ni patriote. Il n’entend pas être un « matricule », une marionnette entre les mains de brutes galonnées. Mais que faire sinon supporter l’inacceptable en attendant la quille ?

Envoyé au front, Bonnaud y découvre la boue des tranchées, les offensives meurtrières, les attaques au gaz et cet alcool qui coule à flot parce qu’il en faut du courage et de l’inconscience pour sortir des boyaux et affronter la mitraille allemande.

 

Le 11 novembre 1918 aura pour lui un goût singulier. Il y a d’abord la joie, indescriptible : « Nous avons la vie sauve, nous ne sommes pas mutilés. C’en est fini du cauchemar des lignes et des attaques. Nous n’aurons plus à côtoyer la mort à chaque instant ». Et l’amertume, car il n’en a pas fini avec l’uniforme et les gradés, qui entendent remettre au pas bien vite les poilus réfractaires après avoir relâché la discipline pour éviter que les mutineries ne se développent : « Tous les galonnards de carrière, ceux qui nous donnaient du “mon garçon”, qui osaient à peine nous commander, ceux que parfois nous ne voyions en ligne que les jours de relève, tous ces galonnards entendent prendre leur revanche. Ils n’ont plus à craindre la balle perdue, plus à craindre l’explication face-à-face dans la tranchée, sous le bombardement parfois. Dorénavant, les pauvres poilus vont voir ce que c’est que la discipline militaire ! »

 

Il lui faudra attendre 1920 pour enfin troquer la livrée militaire pour le bleu ouvrier. Le jeune va-t-en-guerre est devenu anarchiste, antimilitariste et profondément pacifiste…

 

Sources :

 

François Bonnaud, Carnets de lutte d'un anarcho-syndicaliste (1896-1945), CHT, 2008.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 novembre 2018.

 

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