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« Laval découvre qu’elle est passée de l’ère des notables à celle des luttes sociales. » Tel est le titre que donne Pierre-Marie Doutrelant à son article paru dans les colonnes du Monde le 18 octobre 1973. La paisible Mayenne serait-elle gagnée par la fièvre revendicative et l’esprit frondeur de 1968 ?
La Mayenne n’est plus ce qu’elle était. Depuis le début des années 1960, au nom du développement économique et de l’aménagement du territoire, de grandes entreprises se sont installées ça-et-là, persuadées de pouvoir y trouver une main d’œuvre peu chère (car sans grandes qualifications) et docile (car dépourvue de culture ouvrière revendicative). Sur le terrain politique, Laval a basculé à gauche en 1971, portant à la mairie Robert Buron, vieux routier de la politique, démocrate-chrétien nouvellement acquis au socialisme. Bref, si la Mayenne reste à dominante rurale et conservatrice, elle n’en est pas moins un département en pleine mutation.
Salmson compte près de cinq cents salariés, Thomson, sept cents, LMT, plus de deux mille. Ce sont les travailleurs de ces « grosses boîtes » de la métallurgie, et d’autres (Bellanger, Gévelot) qui s’enflamment fin septembre début octobre 1973 pour réclamer l’application chez eux de la « grille des salaires SCOMAN » (filiale de Chausson, liée à Renault ou Peugeot), bien plus avantageuse que les leurs. « Non à une province colonisée ! » s’écrient-ils, refusant que la Mayenne demeure une terre de bas-salaires dont l’attractivité ne reposerait que sur le faible coût du travail. Heures de nuit, heures supplémentaires… voici à quoi sont condamnés les travailleurs et travailleuses mayennais s’ils veulent sortir de la précarité.
Un mois de grève pour les Salmson, les premiers à entrer en lutte, les derniers à en sortir. Un mois de grève dure durant lequel le patronat, conservateur, autoritaire, paternaliste a resserré les rangs, stigmatisant la CFDT gagnée par le gauchisme (alors que les grèves ont été menées dans l’unité CGT-CFDT), pointant du doigt « quelques jeunes excités » voulant reproduire en Mayenne ce qui s’est fait ailleurs (comme la célèbre grève du Joint Français à Saint-Brieuc) et se désolant que les syndicats français ne sachent que revendiquer… alors que ces mêmes syndicats n’ont cessé de réclamer l’ouverture de « véritables négociations ». Un mois de grève pour arracher 6-7% d’augmentation de salaires sur les 10% réclamés, de meilleures primes (crèche, transports…)… Un mois durant lequel paysans et ouvriers ont noué des liens solidaires.
Le grand patronat local ne s’attendait pas à vivre un tel automne. Les travailleurs non plus, à n’en pas douter. Assurément, « 1973 fera date dans l’histoire de la classe ouvrière mayennaise » (déclaration de Minzière, délégué CFDT).
Article initialement publié sur le blog du CHT le 3 octobre 2016.
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