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Saint-Hilaire, Dieu et l'école laïque

Nous sommes en mars 1914 et la colère est grande parmi les laïcs de Saint-Hilaire (Mayenne). Le procureur de la République Berthaud vient de les informer que leur plainte contre les abbés Barbedette et Romagné, ministres du culte catholique, auteurs de diatribes anti-école laïque publiques des plus virulentes, vient d’être classée sans suite…

 

En septembre 1913, le curé Romagné avait déclaré en chaire que « les parents qui (envoyaient) leurs enfants à l’école laïque (étaient) aussi dénaturés que les maîtres de ces écoles. » Et un dimanche de janvier 1914, poursuivant sa croisade contre la laïcité, il fait appel à un prêtre missionnaire Joseph Barbedette, celui-là même qui à l’âge de 10 ans, un jour de 1871, vit apparaître la Vierge au-dessus d’une maison du bourg de Pontmain.

 

Barbedette, quinquagénaire mystique, rappelle alors aux ouailles rassemblées qu’avant d’être à leurs parents, les enfants appartiennent à Dieu et à l’Eglise « qui doit veiller au salut de leur âme ». Puis, il délivre un vibrant plaidoyer en faveur de l’école chrétienne : s’il peut comprendre que « dans les populations peu favorisées qui n’ont pas d’écoles » l’école laïque s’impose d’elle-même pour les parents, « dans les populations favorisées, comme à Saint-Hilaire, où vous avez une école libre pour les garçons, une école libre pour les filles, c’est pour vous un devoir impérieux, une obligation grave, rigoureuse, de mettre vos enfants dans les écoles chrétiennes et non dans ces écoles laïques, ces écoles neutres, ces écoles sans Dieu ou plutôt contre Dieu où l’on expose la vie spirituelle de vos enfants tout en empoisonnant leur âme. » Et le voilà de tonitruer : « Vos enfants (doivent aller) à l’école chrétienne, sinon pas d’absolution, pas de sacrements, même à l’article de la mort » !

 

Nos laïcs n’auraient pas pensé à porter plainte si ces propos si rudes avaient été tenus dans une église aux portes closes. Or, ce jour-là, la fougue oratoire du « visionnaire de Pontmain » se fit entendre « sur la voie publique », et même jusque dans les locaux de « la classe des filles » ; car c’est de cet endroit que l’instituteur (sans doute M. Brunet) entendit, bien malgré lui, le discours du missionnaire !

 

Alerté, l’inspecteur d’Académie Le Balle jugea utile de « saisir M. le procureur de la République », s’appuyant pour cela sur l’article 35 de la loi du 9 décembre 1905. Le ministre acquiesça. Le juge de paix mena l’enquête, écouta les témoins, nota les « actes de pression et de brutalité » dont étaient victimes les laïcs de Saint-Hilaire puis transmis son rapport au Procureur général de Laval. Deux mois plus tard, dans un courrier d’une (trop) grande sobriété, le procureur de la République Berthaud écrivit : « M. le procureur général à Angers m’informe qu’après examen, et d’accord avec M. le ministre de l’Instruction publique, M. le Garde des sceaux a estimé qu’il y avait lieu de classer la plainte que vous avez adressée à mon parquet. » La raison nous en demeure inconnue, mais peut-être qu’en ces temps très troublés où une guerre semble vouloir éclater, le ministre ne voulut pas ouvrir un autre front…

 

Contribution réalisée à partir d’un long article intitulé "Comment on défend la laïque" paru dans L’Ecole émancipée, revue pédagogique hebdomadaire, n°42 (11 juillet 1914). Le Centre d’histoire du travail dispose d’une collection de cette publication nationale dont l'inventaire est en cours…

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 novembre 2017.

 

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