Mai 1968, la Mayenne dans la grève générale
Dans l’Ouest, la singularité du mai nantais et le fait qu’il ait marqué les esprits bien au-delà de la Loire-Atlantique ne doivent pas nous faire oublier que la Mayenne ne fut pas épargnée par le souffle de Mai…
Dans l’Ouest, de Brest à Nantes en passant par Angers ou Laval, tout commence le 8 mai par une manifestation commune salariés et paysans clamant « L’Ouest veut vivre ». Les centaines de manifestants lavallois ne battent pas le pavé en soutien aux étudiants parisiens en révolte ; ils se mobilisent pour que « L’Ouest vive », autrement dit se développe, s’industrialise et offre à une jeunesse nombreuse un avenir social souhaitable… sans pour cela devoir migrer. À Renazé, les ardoisiers font entendre leur voix dans l’unité syndicale ; idem à Château-Gontier pour les hospitaliers et les salariés de la fromagerie Perrault. Dans la nuit du 10 au 11 mai, chez Besnier, les salariés cessent le travail, réclament une augmentation de salaire… revendication satisfaite dès le matin par la direction.
Le 13 mai ? Comme ailleurs en France, Laval manifeste contre la répression dont ont été victimes les étudiants au Quartier latin ? Lycéens et normaliens envahissent la préfecture qui subit également l’assaut de quelques projectiles… La foule, trop importante, oblige les organisations à tenir meeting dans la rue et non dans l’exiguë bourse du travail.
La grève générale ? Il faut attendre les 20 et 21 mai pour que cesse le travail dans le secteur privé (LMT, Salmson, Scoman, transports…) comme dans le public (enseignement, SNCF, PTT, EDF). Ce sont des centaines et des milliers de travailleurs qui se mobilisent à Laval, Renazé, Mayenne, Château-Gontier.
L’entrée en lutte a été tardive, la reprise du travail sera précoce. Dès le début du mois de juin, dans certains secteurs comme le bâtiment, le commerce ou l’enseignement primaire, les travailleurs reprennent le chemin du labeur. Et la mi-juin sonne le retour à la normale.
Malgré sa brièveté, le mouvement de mai en Mayenne a marqué les esprits. Il a souligné que les frustrations sociales et sociétales étaient capables de gagner les rues, y compris celles d’un territoire rural et politiquement conservateur.
Source :
L’Oribus, n°27 (12/1988, Mai 68 en Mayenne).
Article initialement publié sur le blog du CHT le 16 mai 2018.
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