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Combien furent-ils ? Une poignée, treize exactement, à débarquer ce 2 janvier 1907 en gare de Laval sous les acclamations d’une foule nombreuse, puis à prendre le chemin de la Bourse du travail au son de L’Internationale. Treize gamins parmi quelques centaines à avoir quitté Fougères (Ille-et-Vilaine), la « capitale de la chaussure », alors en pleine grève générale…
En novembre 1906, les patrons réunis au sein de la Chambre syndicale de la chaussure refusent de céder aux revendications ouvrières et ferment leurs ateliers : c’est le lock-out. A la mi-novembre, on dénombre près de 5500 grévistes, seuls 2000 jaunes continuant à travailler « dans les fabriques non syndiquées ». Le préfet est amer mais rien ne semble devoir ramener à la table des négociations les patrons fougerais qui ont obtenu « des banques et [de leurs fournisseurs] que [leurs] échéances soient reportées jusqu’à la fin des grèves. Le syndicat patronal est donc en position de tenir tête longtemps.»
A la solidarité des patrons doit répondre la solidarité ouvrière. Bien vite des soupes communistes sont organisées, tout comme est envisagé le départ en famille d’accueil d’enfants de grévistes. L’idée en revient à Bougot, secrétaire de la Bourse du travail de Rennes. Si la plupart prennent la route de Rennes ou Saint-Nazaire, d’autres sont envoyés dans la capitale mayennaise. Le faible nombre d’enfants concernés s’explique par le fait que des familles rechignent à confier leur progéniture à des inconnus, qu’il se murmure qu’un accord sera bientôt signé… et que nombreux gamins ont été refoulés lors de la visite médicale pour cause de tuberculose.
L’accueil chaleureux, les chants révolutionnaires, les discours revendicatifs entendus ce 2 janvier 1907 déplaisent fortement au plumitif du Patriote de la Mayenne : là où la presse locale voit 1000 personnes sur le quai de la gare, il n’en voit que 200… Pour lui, il ne fait aucun doute que cette grève serait terminée depuis longtemps si de « louches agitateurs » ne tournaient pas la tête des ouvriers fougerais, car à n’en pas douter, « s’ils voulaient travailler, les ouvriers de Fougères n’auraient pas besoin de se faire aider par les ouvriers lavallois qui gagnent moins qu’eux »…
Le 11 février, le travail reprend après la signature d’un compromis, et le 24, l’exode des gamins prend fin : en gare de Fougères, plusieurs centaines de personnes les accueillent triomphalement ainsi que la forte délégation ouvrière lavalloise qui a fait le déplacement. Plus que l’augmentation (fort minime) des salaires obtenue, c’est l’obligation faite au syndicat patronal de reconnaître le syndicat CGT comme représentant des travailleurs de la chaussure qui a marqué les esprits et ce, durablement.
Source :
André Dinard, "Solidarité ouvrière : l’accueil des enfants de grévistes fougerais à Laval en 1907", L’Oribus, n°14, 1984.
Article initialement publié sur le blog du CHT le 3 janvier 2019.
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