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La commune mayennaise doit à la proximité de Fougères le développement sur son sol d’usines liées à l’industrie de la chaussure dans le dernier quart du 19e siècle, au point qu’en 1899, elle en compta six dont celle de la famille Berhaut, forte de 300 salariés.
En janvier 1897 un conflit éclate chez Berhaut. Vingt-huit piqueuses sur trente-trois cessent le travail, refusant que le patron rogne leur salaire lié à leur productivité. Malheureusement pour elles, le soutien qu’elles attendent de leurs collègues masculins ne vient pas, et le 1er mars, elles reprennent le chemin du labeur. Toutes ? Non, car le patron en profite pour licencier onze grévistes. Il faut faire un exemple !
C’est curieusement sur cet échec cuisant qu’une chambre syndicale voit le jour ce même mois. Là encore, ce sont des ouvriers fougerais qui en sont à l’initiative. La commune bretonne, distante d’une vingtaine de kilomètres, est en effet un foyer militant ardent depuis plus d’une décennie, ce que n’est pas Laval qui ne compte alors qu’une poignée de chambres syndicales. Il n’est guère étonnant de voir deux délégués du syndicat fougerais faire le déplacement à Ernée afin de convaincre les ouvriers et ouvrières de la chaussure de s’organiser. La réunion est un succès : une chambre syndicale ouvrière de la cordonnerie voit ainsi le jour, accueillant en son sein coupeurs et brocheurs, éboureurs et finisseuses, et se fixant comme but d’affranchir le travail du capital, autrement dit d’en finir avec l’exploitation de l’homme par l’homme ! On reconnaît ici l’influence du syndicalisme révolutionnaire si répandue à Fougères.
Mais les prolétaires d’Ernée auront affaire à forte partie car le patronat local manie aussi bien le bâton que la carotte. Paul Leroy, qui prend la direction de l’usine Berhaut avec son associé, le banquier fougerais Birkhmann, nous en offre l’illustration en 1905. Son bâton, c’est le classique chantage à l’emploi : en cas de création d’un syndicat, il réduira la production et procédera à des licenciements. Quant à la carotte, elle prendra très rapidement la forme d’une politique sociale audacieuse. Retraites, logements, bienfaisance, soutiens aux loisirs artistiques… rien n’échappera aux élans philanthropiques de ce républicain ardent, laïc convaincu… mais également conseiller municipal d’Ernée dès 1907. Il est toujours judicieux de soigner sa clientèle électorale…
Sources :
L’Oribus, n°31, 12/1989 (numéro spécial sur Ernée).
Claude Geslin, Moi, Jules Couasnault, syndicaliste de Fougères, Ed. Apogée, 1995.
Article initialement publié sur le blog du CHT le 17 juin 2019.
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