Olivier Heuzé, un socialiste sarthois
Frêle d’aspect, doté d’un caractère bien trempé, Olivier Heuzé (1881-1925) est une figure du socialisme sarthois de la Troisième République.
Il a à peine dix-sept ans lorsqu’il pousse la porte du groupe socialiste du Mans et décide de s’y investir.
Énergique, il en devient le secrétaire et se bat pour réunir les différentes familles au sein d’une seule organisation : le Parti socialiste, section française de l’Internationale ouvrière. Il sera tout aussi ardent à combattre le bolchévisme en 1920, se faisant le défenseur de Léon Blum contre le vieux Marcel Cachin, partisan de la transformation de la SFIO en Parti communiste. Il faut dire que le Heuzé de 1920 n’est plus un jeune militant fougueux, typographe de son état, faisant feu de tout bois. Heuzé est devenu un notable qui dirige l’Imprimerie coopérative ouvrière du Mans depuis 1919 et règne sur le journal qu’il vient de lancer, La République sociale de l’Ouest.
Mais que peut-il face à la Révolution russe et à ses promesses d’affranchissement individuel et collectif ? Si le congrès de la Fédération socialiste de la Sarthe lui apporte un large soutien en février 1920, celui de décembre, convoqué peu de temps avant que ne se tienne le congrès national (Tours, 25-30 décembre 1920) le met de justesse en minorité. Certes, la Sarthe n’est pas la Seine ou le Nord, mais ce basculement souligne la force d’un courant « communiste » désireux de régler ses comptes avec ces « réformistes » qui ne surent s’opposer au déclenchement de la Grande Boucherie de 1914. Vaincu, Olivier Heuzé démissionne immédiatement de ses fonctions et assiste impuissant à la transformation de la « vieille maison » en Parti communiste.
Avec les minoritaires, il relance sans tarder la SFIO, en redevient le secrétaire, tout en s’impliquant parallèlement sur le front syndical, devenant l’un des acteurs majeurs de la CGT réformiste sarthoise.
Plusieurs fois candidat socialiste (malheureux) aux municipales et aux législatives avant 1914, il obtient enfin la consécration en 1924-1925, devenant maire du Mans, témoignant ainsi de la montée en puissance de ce que l’on va appeler le socialisme municipal, mais aussi député de la Sarthe. S'il fut avec son ami Henri Barbin, cheminot révoqué en 1920, le premier socialiste sarthois à siéger au Palais Bourbon, il ne le fit que peu de temps puisque la mort le faucha brutalement, à Paris, le 18 novembre 1925. Barbin, son aîné de cinq ans, ne lui survécut qu’un an, presque jour pour jour…
Biographie réalisée par le Centre d’histoire du travail à partir de celle réalisée par Justinien Raymond et Claude Pennetier (Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, Tome 13 – 1871-1914).
Article initialement publié sur le blog du CHT le 5 janvier 2016.
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