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Un pour tous, tous contre un : les tanneurs sarthois et le "petit chef"

« Ce qu’ils ont fait, infailliblement l’un de nous, dans un moment ou dans l’autre, l’aurait fait. » Ainsi s’expriment les ouvriers de la Tannerie Maillard après la condamnation de deux d’entre eux pour coups et blessures sur la personne d’un contremaître de l’entreprise…

 

Nous sommes en avril 1896, à Château-du-Loir, commune de 4000 âmes sise au sud du Mans, qui doit sa prospérité relative à la présence en ses murs d’une filature et d’une tannerie. La tannerie Maillard est une septuagénaire en pleine expansion qui compte alors plus d’une centaine d’ouvriers tanneurs ou corroyeurs.

 

Elle produit principalement du cuir à semelles tanné à l’écorce de chêne broyée. Dans les tanneries, le travail est rude et peu agréable. On travaille dans l’humidité et les courants d’air douze heures par jour, du matin à la tombée de la nuit, parfois en extérieur, dans les odeurs fortes, voire nauséabondes des peaux putréfiées.

 

Que se passe-t-il ce 7 avril 1896 ? Un accrochage plus violent que d’ordinaire. Deux ouvriers viennent de rosser un contremaître. Ce dernier porte plainte et la justice ne tarde pas à s’exprimer : les deux ouvriers sont condamnés à de la prison ferme et à de fortes amendes. L’affaire aurait pu en rester là. Sauf qu'à l’annonce du verdict, c’est toute la communauté des tanneurs et corroyeurs qui fait front. Elle lance une pétition publique, par voie de presse, pour le paiement des amendes, expliquant que ce contremaître a récolté ce qu’il a semé : aux « tracasseries journalières auxquelles [les tanneurs étaient] en butte », deux d’entre eux ont répondu par des horions et des coups de pied ! Deux d’entre eux, mais tous auraient pu le faire ! De quelles tracasseries parle-t-elle ? Nous ne le savons pas mais faisons une hypothèse : dix ans plus tôt, à Decazeville, des mineurs en colère défenestraient l’ingénieur Watrin qui les accablait d’amendes pour la moindre peccadille, histoire de rogner encore plus leurs salaires et donc d’accroître les profits. Fut-ce le cas à Château-du-Loir ?

 

Mais plus encore : cette unanime communauté ouvrière exige du patron le congédiement du contremaître honni. Et elle l’obtient ! Eugène Maillard, patron philanthrope et bourgeois libre-penseur, accède à cette demande. Il licencie son contremaître qui, désavoué et mis au ban, est retrouvé pendu peu après. Pourquoi, dans cette France d’alors, au droit du travail encore balbutiant, où le patron entend être maître chez lui, Eugène Maillard donne-t-il raison à ses ouvriers ? L’a-t-il fait, contraint et forcé, pour ramener la paix sociale ? Ou fut-il convaincu par leurs arguments ? Allez savoir…

 

Source :

 

Brébion, Jean-Luc, Brébion, Joël, Desseix, Patrick, Le monde ouvrier sarthois : le travail de chaque jour, Editions Cénomane, 1984.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 février 2017.

 

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