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La Sarthe et les livrets ouvriers sous la troisième République

En 1803, un arrêté de l’empereur Napoléon Ier rend obligatoire pour tout ouvrier la détention d’un livret spécial. Dorénavant, nul ne pourra se faire embaucher s’il ne présente pas ce fameux livret ouvrier ; et pour changer d’emploi, il faut faire signer ledit livret par son patron, quand bien même on s’en sépare à la suite d’un désaccord ! Et si d’aventure l’ouvrier circule sans livret sur le territoire, il est assimilé à un vagabond et risque la détention. Malheur donc à l’ouvrier indocile…

 

Qu’est-ce qu’un ouvrier dans la France rurale et si peu industrialisée de l’aube du 19e siècle ? Tout et n’importe qui, répondrons-nous, du moment qu’il n’est ni bourgeois ni paysan. C’est un travailleur manuel et un homme qui parcourt les routes, croise ses semblables et est susceptible de diffuser des idées subversives… et c’est en cela qu’il peut être une menace pour l’ordre social.

 

En 1854, Napoléon III amende le travail de son oncle. Désormais, seuls les ouvriers d’industrie, travaillant dans les ateliers et usines, sont tenus de se munir et de présenter ledit livret « à toute réquisition de l’autorité ». Curieusement, cette loi du 22 juin ne semble pas parvenir jusqu’en Sarthe, car nombreux sont les maires sarthois continuant à délivrer, longtemps après cette date, des livrets à des travailleurs appartenant à des corporations qui n’en ont pas le besoin. En 1879, c’est le cas des bouchers, chiffonniers, ramoneurs, castreurs de chevaux (hongreurs) et autres chanteurs ambulants, si l’on en croît une note ministérielle. Deux ans plus tard, c’est au tour des cochers, artistes, fariniers et saltimbanques de se voir attribuer un livret par les autorités locales au grand dam du ministère qui somme le préfet de leur rappeler le contenu de la loi de 1854 ! Rappel qui apparaît d’une certaine façon bien inutile car depuis quelques années le livret ouvrier est entré en désuétude.

 

En effet, les patrons et leurs chefs d’atelier emploient des ouvriers qui n’en sont pas munis, bien que cela leur soit interdit par la loi. Le livret ne semble plus à leurs yeux un outil pertinent pour juger du sérieux professionnel et de l’honorabilité de l’ouvrier qu’il compte employer. Et pourquoi laisser l’Etat et sa police s’immiscer dans leur politique d’embauche ? Ne sont-ils de droit divin, « chez eux », une fois passée la porte de l’atelier ?

 

Le livret ne sera jamais centenaire. Par la loi du 2 juillet 1890, la République, troisième du nom, abroge la loi de 1854, ainsi que l’arrêté de 1803. La République n’a plus peur du nomadisme ouvrier… et pas encore du syndicalisme ouvrier qui, lentement, s’organise.

 

Source :

 

Bernard Lançon, « La liberté surveillée », in Le monde ouvrier sarthois : le travail de chaque jour, Editions Cénomane, 1984.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 juin 2017.

 

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