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Le Sarthois Norbert Bézard est connu pour avoir travaillé avec Le Corbusier à un projet de Ferme et Village radieux. Leur collaboration pourrait surprendre, mais ce serait oublier leur affinité idéologique. Il n'est pas ce paysan mis en scène par l’architecte dans ses écrits.
Lorsque Norbert Bézard rencontre Le Corbusier en 1932, il a déjà derrière lui quelques années d’engagement à l’extrême-droite. L’ancien poilu a été membre du Faisceau (1925-1928) et c’est dans les milieux fascistes qu’il rencontre et sympathise avec le célèbre architecte. Au début des années trente, dans le bulletin Prélude (de l’organisation du même nom), il signe des articles sur le syndicalisme et s’intéresse tout particulièrement aux campagnes.
La doctrine du groupe Prélude, fondée sur un syndicalisme et une mystique corporatistes, imagine un « urbanisme rural », idéal et ordonné, au travers du projet de Ferme et Village. Durant une décennie, Bézard et Le Corbusier travaillent à un univers singulier fait de maisons uniformes, de fermes identiques, entourant un cœur : le Village.
L’idéologie s’étend du Logis, siège de la famille patriarcale, à la Ferme rationalisée et aux bâtiments-symboles du Village : le silo (contrôle de la production par les producteurs), la mairie (siège du syndic) et le club (lieu de la nouvelle communauté). Plans et doctrine intègrent le Village dans le découpage territorial et les organes d’un État syndicaliste, des assemblées économiques régionales et fédérales, des corporations jusqu’au Conseil des sages dont, comme l’écrit Bézard, « un homme, le chef, en a la vertu symbolique d’exécution » (« Les Voies du syndicalisme », Prélude, n° 11, mai 1934, p. 7).
Le Corbusier inclut ce projet dans La Ville radieuse (1935) puis dans différents ouvrages qui font de Bézard un paysan, voilant leur appartenance politique. En 1937, Bézard participe au Congrès international d’architecture moderne, signe un rapport sur l’« urbanisme rural » et contribue au Pavillon des Temps nouveaux de l’architecte pour l’exposition de Paris.
Après la défaite de 1940, le groupe Prélude promeut ses idées auprès du régime de Vichy où il a des amis. Le Corbusier y séjourne en 1941-1942, multiplie les projets de livres, dont celui auprès de l’éditeur collaborationniste Fernand Sorlot sur la Ferme et le Centre coopératif, associant ses écrits et ceux de Bézard. La Libération marque le point d’arrêt des activités du groupe.
De nos jours, aux côtés de Le Corbusier, la figure d’un Bézard « militant de la ruralité » (formule creuse occultant la vérité) et « artiste » masque ses idées et engagements fascistes révélés par les recherches historiques. Cette négation est préjudiciable puisqu’elle ôte au public la possibilité de saisir l’essence de leur projet d’« urbanisation totale ».
Contribution de Laurent Huron.
Sources :
Sur le Faisceau : Yves Guchet, Georges Valois : L'Action française, le Faisceau, la république syndicale, Paris, L'Harmattan, 2001.
Sur le fascisme en France : Zeev Sternhell, Ni droite ni gauche. L’idéologie fasciste en France, Paris, Gallimard, Folio histoire, 2012.
Article initialement publié sur le blog du CHT le 1er novembre 2021.
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