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Le 13 octobre 1909, un homme s’effondre, au cœur de la citadelle de Monjuich, à Barcelone. Francisco Ferrer (1859-1909) vient d’être fusillé pour l’exemple, jugé responsable de la révolte ouvrière qui a secoué la Catalogne. Qui aurait pu imaginer que cet assassinat politique vienne troubler la quiétude yonnaise deux mois plus tard ?
Dans son édition du 19 décembre 1909, Le Publicateur, journal conservateur et catholique se désole : « On croyait l’affaire et Ferrer enterrés, lorsque ces jours derniers, quelques promeneurs se baladant sur le boulevard Louis-Blanc, l’annuaire sous le nez, se trouvèrent désorientés. Ils crurent rencontrer la rue sale, boueuse, de l’Avenir, et une plaque neuve indiquait qu’il s’agissait de la rue Ferrer. Qui donc a fait apposer cette plaque ? ». Et le journal de suggérer : « Est-ce la Ligue des droits de l’homme ? » qui l’avait proposée dans une réunion le 17 octobre, peu après l’exécution du pédagogue libertaire, et qui préparait une conférence à la fin octobre sur « L’Eglise contre l’Ecole ». Est-ce la municipalité « sans mandat du conseil ? », le maire Stéphane Guillemé étant grand vénérable de la loge La Fraternité Vendéenne du Grand Orient de France… et membre de la LDH. Ou bien « est-ce la Libre Pensée qui voulait débaptiser la rue des Vivres pour lui donner le nom de Ferrer ? ».
Le contexte politique permet de répondre aux hypothèses du Publicateur. La campagne des législatives de 1910 approche. Or, depuis 1906, la Vendée compte trois députés républicains et trois conservateurs. L’Affaire Dreyfus étant resté dans les mémoires, tout comme la loi de Séparation des Églises et de l’État, la question laïque et la question scolaire sont toujours au cœur des débats.
À La Roche-sur-Yon, les élections municipales de 1908 ont vu le renouvellement d’une équipe radicale et républicaine de gauche. Bref, honorer Ferrer l’Espagnol peut être une façon de flétrir l’Église de France…
Mais c’est un autre journal conservateur, L’Étoile de la Vendée, qui avance la piste, à nos yeux, la plus sérieuse : « les employés du chemin de fer » ! Car cette rue de l’Avenir rebaptisée Ferrer (quel symbole !) se situe dans le quartier ouvrier de la gare. Là s’y trouvent nombre de syndicalistes chez lesquels l’influence des anarcho-syndicalistes est présente. Il est donc fort probable que ce soit eux qui aient « baptisé » la rue du nom de Ferrer, reconnaissant en lui l’ancien contrôleur des chemins de fer, le libre penseur, l’anarchiste, mais aussi le pacifiste, le pédagogue d’avant-garde qui n’avait de cesse de lutter « pour une instruction intégrale », mixte et laïque !
Les années passent et la rue Ferrer continue à faire débat. Son intégration dans la voirie en 1920 provoque la sainte colère d’un conseiller municipal qui y voit une souillure pour la ville tout entière ! Et en 2009, quand une nouvelle plaque est apposée, des mains anonymes l’arrachent à deux reprises… Ultime baroud d’honneur : on n’efface pas de l’histoire aussi facilement un tel militant de l’émancipation individuelle et collective par la lutte et le savoir…
Contribution de Florence Regourd du CDHMOT Vendée.
Sources :
Sol Ferrer, La vie et l’œuvre de Francisco Ferrer, un martyr au XXème siècle, librairie Fischbacher, Paris, 1962.
"En mémoire de Francisco Ferrer", La Libre Pensée en Vendée. Hors série, 41 p. illustrées, octobre 2009.
Anne Steiner, Le goût de l’émeute. Manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la « belle époque », L’Echappée, 2012. (§ : Venger Ferrer).
Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 mars 2019.
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