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Pouzauges, 1974 : le cochon de la discorde

En plein été, des centaines de paysans vendéens épaulés par quelques voisins des Deux-Sèvres, Maine-et-Loire et Charente-Maritime s’en prennent à un géant de l’agro-business : Fleury-Michon. En cause : sa politique d’approvisionnement qui fait chuter les cours…

 

Tandis que sous « l’œil ahuri du régisseur », deux cents paysans charentais s’invitent au château de Massignac, propriété de 1000 hectares appartenant à Pierre Fleury, des paysans vendéens bloquent un camion frigorifique de la société Fleury-Michon sur la route reliant l’usine de Chantonnay à celle de Pouzauges. Promptement, la cargaison est répartie dans quelques coffres de voitures qui, sans plus tarder, prennent la route. Sur deux points stratégiques des routes nationales Nantes-Bordeaux et Saumur-La Rochelle, commence alors une insolite distribution de saucisses, bacon et autre salami. Des automobilistes repartent avec un tract en prime expliquant le sens politique de ce vol en réunion !

 

Deux ans plus tôt, la grève du lait avait secoué la Bretagne. Les producteurs exigeaient des laiteries privées et coopératives qu’elles paient le lait à leur juste prix, autrement dit, au moins au prix de revient. La lutte fut rude et se termina par un compromis… qui s’avéra peu favorable pour les agriculteurs.

 

A l’été 1974, ce sont les éleveurs, notamment porcins, qui réclament de pouvoir vivre de leur travail. Ils s’en prennent à Fleury-Michon, car cette puissante entreprise de salaison (la deuxième de France) importe d’Europe et d’Asie une partie importante des viandes qu’elle travaille : la saucisse de Strasbourg made in Pouzauges a l’accent de Pékin ! En fait, en important à très bas prix, Fleury-Michon casse les cours sur le marché national et ce, dans une période où l’Europe a décidé d’interdire les importations pour empêcher que la filière viande ne s’effondre. C’est du moins ce que le citoyen croît, mais « ce ne sont pas les importations qui sont arrêtées, mais l’attribution de nouvelles licences »…

 

L’action est spectaculaire mais elle a une limite. Outre son illégalité, elle ne peut mettre à la table des négociations Fleury-Michon, car le mastodonte vendéen « n’a pas de clients directs parmi les paysans » à la différence des abattoirs privés ou coopératifs. Ce n’est donc pas lui qui fixe les prix, officiellement…

 

Cette action en appelle d’autres. En automne, d’autres camions sont interceptés tandis que la police peine à constituer un dossier solide pour inculper les « voleurs ». En 1975, des militants sont inculpés, entendus par le juge, mais l’affaire en reste là. Cependant, la procédure est relancée en octobre 1979 (deux jours avant sa prescription), histoire sans doute de signifier aux militants que la Justice ne les oublie pas…

 

Sources :

 

Jean-Marc Herreng, Vingt ans de luttes paysannes en Vendée. 1968-1988 : du CDJA à la Conf’, Editions du CHT, 2015.

 

Vent d’Ouest, n°54, septembre 1974.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 4 janvier 2021.

 

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