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Nantes, 1907 : Cardin, "traître" et margoulin ?

Le 6 juin 1907, la chambre syndicale des coiffeurs de Nantes évoque l’exclusion d’un dénommé Cardin votée lors d’une réunion récente du comité général de la Bourse du travail à laquelle un délégué coiffeur a pris part. Qu’a donc fait le « traître » Cardin ?

 

Cardin n’est pas coiffeur mais inscrit maritime, autrement dit c’est un matelot, et pas n’importe lequel : il est le leader du syndicat départemental et le fondateur d’une solide fédération régionale des marins et pêcheurs de l’Ouest. Si son syndicat a adhéré à la bourse du travail, c’est sous la contrainte de sa fédération qui venait d’entrer à la CGT. Lui, comme nombre de marins, auraient préféré s’en tenir éloignés…

 

C’est un syndicaliste de premier plan… doublé d’un margoulin. Son crime est le suivant. Pour trouver de l’emploi, nombre de travailleurs font appel à des « placeurs », que les syndicalistes appellent des « marchands d’hommes », tellement leur réputation est mauvaise. D’ailleurs, Fernand Pelloutier, inlassable défenseur des bourses du travail, indiquait que ces dernières devraient prendre en charge le placement des chômeurs en fournissant hebdomadairement des indications fiables sur les emplois disponibles sur son territoire. Ainsi, les chômeurs ne seraient plus à la merci des bureaux de placement...

 

Comme l’Etat, conscient sans doute des abus des bureaux de placement, a décidé de son côté d’aider les inscrits maritimes en finançant à hauteur de 4000 F par an la création de leur propre bureau local de placement, l’incontournable Cardin s’est positionné. Syndicaliste respecté et soutenu par les marins de l’Ouest, il a empoché les 4000 F mais a sous-traité le travail à deux placeurs de la ville. Sur chaque contrat, les marchands d’hommes prenaient leur part, lui versaient 30 centimes, et le nom des inscrits maritimes finissait sur le registre de Cardin « pour faire croire au ministre que c’était par sa gérance que les dites places avaient été faites ».

 

Cependant une chose interroge. L’exclusion est votée le 21 mai, et une longue affiche est imprimée aussitôt par la bourse du travail pour dénoncer le « traître » Cardin. On l’accuse d’être à la solde des patrons, de ne pas avoir soutenu la récente grève houleuse des dockers, d’entretenir de mauvaises relations avec la bourse du travail… mais aucunement d’avoir escroqué les inscrits maritimes ! (et d’ailleurs les archives de police consultées par les historiens n’en parlent pas plus). Curieux, non ?

 

Traître et margoulin ? Allez savoir ! Mais l’historien trouvera dans cet épisode une raison de se réjouir : c’est grâce à la découverte d’un échange de quelques lignes entre coiffeurs syndiqués que l’histoire du syndicalisme des inscrits maritimes s’est trouvée enrichie…

 

 

 

 

Sources :

Archives de la chambre syndicale des ouvriers coiffeurs de Nantes, [Cahier des procès-verbaux des réunions de la chambre des ouvriers coiffeurs de Nantes et statuts de l’école de coiffure nantaise « mixte », 1890-1913]. Centre d’histoire du travail, UD CGT 5 (Retranscription, Françoise Le Coroller).

 

Sur l’histoire des premiers pas du syndicat des inscrits maritimes :

Ronan Viaud, Le syndicalisme maritime français. Les organisations, les hommes, les luttes (1890-1950), PUR, 2005, pp. 54-55.

Claude Geslin, Le syndicalisme ouvrier en Bretagne, PUR, 2014, pp. 660-662.

 

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Article publié le 1er décembre 2023.

 

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