Saint-Nazaire, 1959-1971 : la vie chaotique des Conserveries

La création en janvier 1959 d'une entreprise créant des emplois féminins est saluée comme un événement positif, mais très vite arrivent les désillusions : précarité d'emploi, mauvaises conditions de travail… Face aux revendications, la direction menace : silence ou on ferme !

 

Quand les Conserveries de Saint-Nazaire ouvrent leurs portes, seules quarante ouvrières payées au SMIG (155.30 F) ont été embauchées ; cependant la direction prévoit d’en accueillir deux cents, voire cent de plus à la pleine saison. Mais dans quelles conditions ? Car dès octobre, une commission paritaire se réunit  sous la pression des ouvrières et de la CGT : des mesures (relatives à l’hygiène, aux horaires, aux primes de travaux sales…) sont prises… mais la direction refuse catégoriquement l'augmentation horaire de 10 F réclamée par le syndicat qui a constaté que les salaires nazairiens étaient inférieurs à ceux pratiqués dans le Finistère.

 

Une nouvelle commission paritaire se tient le 12 août 1960. La direction accorde une prime de 100 F/jour pour le personnel travaillant durant les heures de repas, mais refuse les 15 F d'augmentation, les trois jours fériés payés et la prime de panier. Elle condescend à créer un garage à vélos car « c'est une réalisation qui nous intéresse plus que nos ouvrières, ayant l'usine encombrée de vélos et vélomoteurs ».

 

Surtout, elle précise : « Comme on nous reproche d'avoir une production intensive, nous vous informons que nous réduirons d'un tiers nos fabrications et que nous remettrons sous peu la liste des ouvrières que nous devons remercier (…). Jusqu'à nouvel ordre, il n'y aura plus d'arrivage à Saint-Nazaire, car nous avons demandé à nos usines de congélation d'augmenter les exportations sur les autres ports et de détourner tous les prochains bateaux prévus pour Saint-Nazaire ». La direction conclut en regrettant d'être venue s'installer à Saint-Nazaire. Le ton est donné !

 

 

Conflits et  fermetures temporaires vont alors se succéder durant la courte vie de l’entreprise. De fait, depuis 1959, les ouvrières ne connaîtront que deux ans de travail à temps complet ; ensuite, elles alterneront travail intensif et mise au chômage.

 

Elles étaient 150 en 1960, elles sont moitié moins en février 1965… La CGT (et sa déléguée, Suzanne Athimon) et la CGT-FO (section apparue fin 1966) auront beau se battre pour obtenir la réouverture de l’entreprise, percevoir le chômage partiel, de meilleures conditions de travail et de salaires, obtenant bien souvent pour cela le soutien de la mairie, de la  sous-préfecture et de l'Inspection du travail… rien ne permit de stabiliser l’emploi. Las, les Conserveries de Saint-Nazaire fermèrent leurs portes en février 1971…

 

Contribution de Dominique Loiseau.

 

Sources :

 

La Résistance de l'Ouest (30 janvier et 12 août 1959, 18 août 1960) ; Ouest-France (8 octobre 1959, 20 avril et 17 août 1960) ; L'Eclair (25 et 26 octobre 1961)

 

Fonds Paul Malnoë et UD CGT-FO (Centre d’histoire du travail).
 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 1er octobre 2019.

 

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