Laval 1905, entre Jaunes et Rouges

« À bas les Jaunes ! » C’est ce que les Lavallois ont pu entendre monter des rues de la ville en ce Premier Mai 1905. De quelles bouches sort ce slogan vindicatif ? De celles des ouvriers défilant derrière le drapeau rouge de la CGT.

 

Rouges contre Jaunes. Les fanatiques ennemis de la Propriété contre les travailleurs libres ennemis de la grève, si l’on en croît la jeune Fédération nationale des Jaunes de France (FNJF), née en 1902, et dirigée par le sulfureux Pierre Biétry, passé au tournant du siècle de la gauche socialiste à l’extrême droite.

 

Depuis quelques mois, le monde ouvrier lavallois est en ébullition. La FNJF, qui compte s’y implanter avec le soutien du patronat local, ne manque pas d’ambition : elle a ouvert au printemps une bourse du travail « libre » pour y accueillir ses troupes (une bonne centaine), pour l’essentiel des ouvriers du tissage réunis au sein d’un syndicat dit indépendant dénommé « La Liberté ». Tout un programme ! Le 8 août 1905 en soirée, à l’occasion d’une conférence de la FNJF, ce ne sont pas les mots qui portent mais les coups. Comme les militants de la CGT venus apporter la contradiction sont empêchés d’entrer dans la « bourse libre », les esprits ne tardent pas à s’échauffer, et il ne faut pas longtemps pour que l’ambiance dégénère : les rares Jaunes qui osent s’interposer en ressortent avec des ecchymoses ; quant au local, il est mis à sac.

 

Violence inacceptable dirent les uns, riposte à une provocation soutinrent les autres puisque la FNJF s’était permise d’envoyer des cartons d’invitation à quelques Rouges… La FNJF s’en prend également à la municipalité républicaine de Victor Boissel, accusée d’avoir laissé faire cet « attentat ». Les Républicains sont pris au piège : s’ils défendent les Rouges, ils justifient les atteintes à la propriété ; s’ils les condamnent, ils perdent une partie de leur électorat.

 

Les réunions s’enchaînent avant qu’une majorité se dégage : condamnée en justice à payer des dommages et intérêts à la FNJF pour les dégradations commises ce 8 août, la mairie refuse de « pactiser avec l’émeute » et décide, en octobre, de suspendre le versement de la subvention allouée à la bourse du travail « rouge », au moment où trois militants ouvriers sont condamnés à de la prison avec sursis pour saccage. Un mal pour un bien : pour compenser le manque à gagner, la bourse rouge décide de monter une boulangerie coopérative. Mais ceci est une autre histoire…

 

Source :

 

Jacques Omnès, "1905-1906 : rouges contre jaunes à Laval", L’Oribus, n°4, 12/1981.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 février 2016.

 

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