2019-04-15_Saint-Nazaire et la solidarité ouvrière


Catégorie : Loire-Atlantique
dates : -
Lieu :
Auteur : chtnantes

Saint-Nazaire et la solidarité ouvrière : une affaire de femmes militantes

A l’automne 1948, le gouvernement envoie troupes et blindés mater l’insurrection des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais. La CGT, autrement dit le Parti communiste français, est dans l’œil du viseur étatique, et les mineurs, héros de la bataille de la production, sont transformés bien vite en agents à la solde de Moscou. La France entre ainsi de plain-pied dans la Guerre froide…

 

Afin de soutenir les familles de grévistes, le mouvement ouvrier communiste nazairien se mobilise. Sur proposition de l’Union des femmes françaises (UFF), association de la mouvance communiste, de nombreuses organisations participent à la création d’un Comité d’accueil dont le secrétariat est assuré par Marthe Gallet (UFF) et la présidence par Mlle Ducros, assistante sociale. Le but de ce comité : assurer l’accueil d’une centaine d’enfants de mineurs pendant deux mois, mission qui n’a rien d’insurmontable car les offres d'hébergement sont bien supérieures au nombre d'enfants ; un futur responsable de l'UL CGT de Saint-Nazaire se souvient ainsi que ses parents ont accueilli un fils de mineur alors qu’ils avaient déjà… treize enfants à s’occuper ! Le transport en car depuis la région lensoise a été pris en charge à la fois par le comité, via des collectes, et par la municipalité socialiste nazairienne.

 

Le soutien financier, important, permet aussi bien l’achat de chaussures que l’ouverture d’un centre de couture afin que les « femmes de bonne volonté » fabriquent des vêtements, car la plupart des enfants sont venus sans bagage ni vêtements de rechange.

 

Au printemps 1963, les mineurs décrètent la grève. Tous les bassins sont touchés. Et de nouveau, un appel est lancé pour que les travailleurs accueillent des enfants de mineurs le temps de la lutte. Ils seront quarante-cinq à découvrir la région nazairienne… mais seulement onze filles car les parents rechignent à laisser celles-ci sortir du cadre familial…

 

Comme en 1948, des femmes participent aux voyages, tricotent, cousent, assument la charge quotidienne de l'accueil des enfants. On salue en elles des « femmes de militants », des « femmes d'ouvriers », oubliant qu’elles sont aussi, bien souvent, des militantes de l’UFF ou de l’Association populaire familiale d’obédience catholique-sociale, comme si le militantisme essentiel n’était qu’une affaire d’hommes. Cela a eu pour conséquence que la mémoire collective n'a pas véhiculé – ou peu, en tout cas pas assez – la place de ces femmes et de leurs associations dans ces actes de solidarité.

Contribution de Dominique Loiseau et Christophe Patillon.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 avril 2019.

 

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