2018-06-15_Vendée, 1968 murmure contestataire dans la paysannerie


Catégorie : Vendée
dates : 2022-07-27 -
Lieu :
Auteur : chtnantes

Vendée, 1968 : murmure contestataire dans la paysannerie

Que la Vendée figure parmi les territoires français historiquement les plus conservateurs, la chose est connue. Cela ne l’empêcha pas d’être frappée comme tant d’autres par les événements de mai 1968. Et si l’implication des paysans fut modeste, il n’en demeure pas moins qu’une oreille attentive pût y déceler les signes d’un effritement du consensus social dans les campagnes…

 

« Mardi, à La Roche-sur-Yon, partie de la place de la Vendée et augmentant continuellement, une foule de Vendéens a manifesté dans la dignité son désir de faire respecter LA LEGALITE DES INSTITUTIONS REPUBLICAINES ; et ce sont plus de 6000 personnes qui ont observé une minute de silence après le dépôt d’une gerbe au monument aux morts, symbole du sacrifice suprême pour la LIBERTE avant de chanter La Marseillaise notre hymne national ». Voici ce qu’on pouvait lire sur un tract distribué au lendemain d'une mobilisation en faveur du général de Gaulle.

 

En ce début du mois de juin 1968, la messe semble dite. La Vendée conservatrice a gagné la rue et affirmé sa volonté de sauver la nation en danger. Les contre-manifestants n’y pourront rien.

 

Dans les usines, l’heure est au reflux. Les organisations syndicales ouvrières se divisent quant à l'appréciation de la situation. Faut-il continuer la grève ou se satisfaire des propositions issues des discussions de Grenelle ? Chez Big Chief (La Roche-sur-Yon) le 4 juin, et Desfontaine (La Bruffière) le 7 juin, la reprise est votée ; à partir du 10 juin, c'est au tour du secteur public et nationalisé de rendre les armes...

 

Le 8 mai 1968, comme partout dans l’Ouest, ouvriers et paysans ont manifesté ensemble et Auguste Grit (photo), qui présidait la FDSEA, a affirmé solennellement que cette alliance était souhaitable et inévitable. Clément Bertaud pour le CDJA est allé bien plus loin, accusant le capitalisme d’être responsable de la misère paysanne. Le 13 ? Seuls les jeunes agriculteurs descendent dans la rue pour condamner la répression policière du mouvement étudiant. Le 24 ? Tandis que les tracteurs investissent le centre-ville de Nantes, à La Roche-sur-yon, la FDSEA 85 ne propose, en pleine grève générale, qu’une réunion « strictement professionnelle » sur les problèmes du prix du lait et de la viande.

 

Conflit politique et conflit de génération. En ce mois de mai 1968, les aînés sentent qu’une partie des jeunes, influencés par ce qui se passe en Loire-Atlantique, est prête à bousculer les structures agricoles… et ils ont raison.

 

Source :

 

Site internet du CDHMOT.

 

Jean-Marc Herreng, Vingt ans de luttes paysannes en Vendée – 1968-1988 : du CDJA à la Conf’, Editions du CHT, 2015.

 

Guy Ruchaud, Parcours d’un militant, Geste Editions, 2011.

 

Article initialement publié sur le blog du CHT le 15 juin 2018.

 

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